Actions · Deauville 2013 · Drame · Festival · Grains de sel de la rédaction
All Is Lost de J. C. Chandor. Une descente aux enfers minimaliste, précise et sobre ; un vrai bijou !
Synopsis
Prix du Jury Deauville 2013
Au cours d’un voyage en solitaire à travers l’océan Indien, un homme découvre à son réveil que la coque de son voilier de douze mètres a été percée lors d’une collision avec un container flottant à la dérive. Privé de sa radio et de ses instruments de navigation, l’homme se laisse prendre dans une violente tempête dont il survit de justesse malgré les réparations, son génie marin et une force physique défiant les années. Mais le soleil implacable, la menace des requins autour de lui et l’épuisement de ses maigres réserves obligent pourtant ce marin aguerri à regarder la mort en face…
Film présenté à Cannes « hors compétition »
JC Chandor est un jeune réalisateur de long métrage. Avant ce film, il avait réalisé Margin Call dans l’univers des traders. Puis pour son second long métrage, JC s’offre l’une des plus grandes stars au monde Robert Redford, l’emmène sur un bateau, seul, et lui fait faire à 77 ans des cascades impossibles ! Bref ce monsieur a le gout des challenges et un tempérament de créateur fou, un pari réussi pour ce film hors du commun.
L’histoire est assez simple : au cours d’un voyage en solitaire à travers l’Océan Indien, un homme découvre à son réveil que la coque de son voilier de 12 mètres a été percée lors d’une collision avec un container flottant à la dérive. Privé de sa radio et de son matériel de navigation, l’homme se laisse prendre dans une violente tempête. Ainsi seul au monde, ce vieux loup de mer, marin aguerri va affronter des situations de plus en plus difficiles, voire critiques.
Totalement en huis clos, pour seul décor l’océan, Robert Redfort est au sommet de son art. Il interprète sans paroles, cet homme déterminé qui cherche posément les meilleures solutions pour faire face à des situations d’urgence. On voit en 1 h 45 la transformation d’un homme qui tente le tout pour le tout pour se sauver d’une situation inextricable. Métamorphosé par la violence des situations, Robert Redford aborde son rôle avec une force incroyable, une beauté saisissante et une sobriété magistrale. Redford accepte tout : son teint buriné, son visage plissé de mille rides et puis peu à peu ses bleus au visage, un visage meurtri de personnes âgées. C’est vraiment d’une grande force. Sa lutte contre les éléments fait de lui un héros moderne et l’on imagine alors les moments terribles qu’ont pu vivre ces marins solitaires en proie au déchainement des forces de la nature.
De Gravity à All is lost, il n’y a qu’un pas. L’un et l’autre essaient de survivre face aux éléments déchainés, dont l’enchainement de phénomènes extraordinaires néfastes pousse ces personnages à puiser en eux la force de les surmonter. Mais ici, l’instinct de survie est plus identifiable et simple il tient à l’expérience de l’homme de la mer, et face aux difficultés croissantes on ressent davantage l’épuisement de l’être humain et sa lutte acharnée et raisonnée pour sa survie, plus crédible et sans aucun pathos.
Pour passer cette 1 heure 45 dans ce huis clos, JC Chandor multiplie les astuces de mise en scène en promenant son acteur dans tous les recoins de son bateau et en dehors. Il a la capacité de nous faire anticiper les réactions du marin, sans explications ni parole, mais grâce à un montage précis des plans et des effets visuels très réalistes.
L’accumulation de catastrophes peut parfois prêter à sourire, mais là aussi, la direction d’acteur est excellente et on ressent cette poisse avec un certain humour tout en craignant pour la survie du capitaine.
Une descente aux enfers minimaliste, précise et sobre ; un vrai bijou.
Allez, j’arrête mon cinéma, comme disait papa et je vous souhaite une Bonne séance !
images du making of :
Voir l’agenda de Deauville du 4 septembre 2013