Synopsis
Une île grecque, une villa magnifique, en plein mois d’août.Céline, son mari Jesse et leurs deux filles passent leurs vacances chez des amis. On se promène, on partage des repas arrosés, on refait le monde. La veille du retour à Paris, surprise : les amis offrent au couple une nuit dans un hôtel de charme, sans les enfants.Les conditions sont idylliques mais les vieilles rancoeurs remontent à la surface et la soirée en amoureux tourne vite au règlement de comptes.
Céline et Jesse seront-ils encore ensemble le matin de leur départ ?
Voici le 3e opus après Before Sunrise (1995) qui révéla son réalisateur Richard Linklater et Before Sunset (en 2004).
L’idée de suivre ce couple à travers 3 époques de sa vie avec les mêmes comédiens est tout à fait originale et merveilleuse. La rencontre fugace, la nouvelle rencontre 8 ans après et là, maintenant, la vie commune après 8 ans et deux adorables petites filles, lors de vacances, sur une île grecque en compagnie de quelques amis.
Le réalisateur, un indépendant du circuit américain, est un expérimentateur intéressant. Lui et ses 2 acteurs Julie Delpy et Ethan Hawke sont à l’origine de la réalisation du scénario, ce qui donne en plus un charme et une touche de vérité qui unit toute cette petite famille.
Dans ce film, l’expérimentation a été orientée sur la partie tournage et mise en scène du film. En effet, toute l’histoire qui se déroule en moins de 24 heures se déroule sur 4 scènes différentes :
-le retour en voiture discussion qui saute du coq à l’âne et introduit la pierre d’échauffement qui va consumer le couple pendant ces quelques heures;
– le repas chez des amis où l’on refait le monde et parle de l’amour ;
– La ballade pour rejoindre l’hôtel, où l’on appréhende la vie de ce couple
– la chambre d’hôtel où l’on passe de la joie de se retrouver à 2 au déchirement d’un couple.
De fait, le film est très écrit avec peu de plans de coupe, et le spectateur a l’impression de côtoyer un couple qu’il connaît depuis longtemps et d’assister à l’une de leur scène, avec un défilement en temps réel.
Dans les premières minutes du film, on croirait voir un ancien Woody Allen, avec ses introspections et ses doutes, un film basé sur les dialogues au sein d’un couple. Mais le charme est vite rompu, lorsque l’on reste dans la banalité des échanges du quotidien et que la grâce de vient pas. Voilà des scènes bien jouées, mais tellement proches de la triste réalité. Alors effectivement on peut compatir à leur désamour, mais on reste dans un échange comme chaque couple a du en vivre, ce qui nous peine et surtout ne transcende pas le film, on ne ressent ni enjeux ni émotion. Et vous, c’était comment vos dernières disputes ?
Lorsque le cinéma se brûle au quotidien la réalité, un challenge intéressant, mais le film n’est pas tout à fait au rendez-vous de tant de promesses.
Allez, j’arrête mon cinéma, comme disait papa et je vous souhaite une Bonne séance !
3 Extraits
Voici des interviews réalisés par le distributeur du film :
ENTRETIEN AVEC RICHARD LINKLATER, réalisateur et co-scénariste et Julie Delpy, co-scénariste
L’histoire initiale est basée sur une expérience personnelle, mais je souhaitais que les deux acteurs mettent beaucoup d’eux-mêmes dans leurs personnages, ce qu’ont fait Ethan et Julie en collaborant au scénario. Grâce à ce lien extrêmement fort, les deux personnages de fiction, Jesse and Céline, sont pratiquement indissociables de notre trio.
Pourquoi ce troisième film ?
La même envie que pour le second film : les personnages avaient évolué, ils étaient à une nouvelle phase de leur vie que nous avions envie d’explorer. A chaque fois que je tournais un autre film et que je répondais à des interviews, on me demandait : « Et Céline et Jesse, ils en sont où ? Est-ce qu’il a raté son avion ? » Nous devions continuer à raconter cette histoire.
Tourner le deuxième film a été un grand saut. Il n’y avait aucune obligation, mais au moins trois personnes sur cette planète voulaient que ce film se fasse: Julie, Ethan et moi.
Comment écrire une histoire qui s’étend sur autant d’années ?
On n’y pense pas pendant 5 ou 6 ans, puis on se rend compte que le temps a passé et qu’il serait intéressant de voir où en sont nos personnages. On en parle alors plus sérieusement, puis on a une idée et c’est là que le vrai travail commence.
Aimeriez-vous tourner de plus grosses productions ?
Oui, mais ça voudrait dire avoir plus d’argent. Pour moi, réussir dans l’industrie cinématographique, c’est pouvoir réaliser des projets qui me tiennent à coeur. Et de ce côté, je suis chanceux.
Les deux premiers films relevaient de la fantaisie, du rêve, alors que Before Midnight est ancré dans la réalité.
On ne pouvait pas refaire la même chose : de brèves interactions. Ça avait bien marché pour les deux premiers, mais pour Before Midnight, on a choisi de se rapprocher de la réalité. Même s’ils sont en vacances, on va suivre les personnages dans leur vraie vie. On les voit communiquer et vivre avec leurs enfants, des amis, entre eux. Le film est basé sur des choses plus concrètes. La vie est une accumulation d’expériences, si on veut être un ami, un époux ou un parent cohérent, on perd sa spontanéité. On en a fait un sujet : ils ressentent leurs limites, ils sont restreints par leurs obligations. Céline le dit d’ailleurs quand ils se disputent : « la spontanéité a disparu de nos vies. » On le ressent plus nettement en vieillissant, il faut réussir à remplir ses obligations tout en étant vivant et spontané, et il faut être capable de tirer le maximum de profit de ce qui nous intéresse le plus. Tout est une
question de compromis.
On suit les personnages pendant la journée, puis une partie de la soirée, mais pas après minuit, finalement. Ils sont plus vieux. J’ai réfléchi également à « l’avant » et « l’après ». Au début on regarde vers l’avenir et, à un certain moment de sa vie, on se retourne vers son passé.Avez-vous déjà envisagé des suites pour vos autres films ?
Je pourrais. Je fais des films principalement axés sur des personnages qui deviennent vivants à mes yeux. J’aurais pu faire une suite à Génération rebelle (Dazed and Confused), mais quels sont les éléments qu’on doit réunir pour rendre le projet possible ? Le minimalisme des Before a vraiment simplifié la tâche.
Pourquoi la Grèce ?
Je connais quelques personnes là-bas. J’ai vraiment senti que le lieu convenait au film. J’ai envoyé par mail des photos à Julie et à Ethan, et le projet est devenu concret. Julie était sceptique à cause des émeutes et du malaise qui régnait en Grèce. Ethan a trouvé l’idée très cool. On s’est d’ailleurs servi de l’appréhension de Julie dans le film.
Julie et Ethan sont-ils très proches de leurs personnages ?
Céline et Jesse sont des personnages de fiction, mais ils leur ressemblent. Je me retrouve autant en Céline qu’en Jesse. En revanche, je ne pense pas que Julie dirait qu’elle est Céline. Julie et Ethan ont écrit le scénario en développant chacun le personnage de l’autre.
Vous n’avez pas demandé à Ethan de se déshabiller ?
Si la scène avait continué… ce qui n’a pas été le cas, il se serait forcément déshabillé. On va attendre qu’ils aient 80 ans et ensuite on tournera une scène d’amour en gros plan. Des vieux qui font l’amour comme on ne l’a encore jamais vu au cinéma !
Vous avez tourné pendant 18 jours. Pourquoi le tournage a-t-il été aussi rapide ?
Il y avait peu de scènes. La scène du début dans la voiture est longue, elle fait 14 pages dans le scénario, et normalement, on aurait dû la tourner en 4 jours. Mais on avait beaucoup répété, on était prêts et j’ai dit : « allez, on la tourne en 2 jours. » Et ça a suffi. Pour la scène de la dispute (30 pages de scénario), les gens pensaient qu’on mettrait 2 semaines à la tourner, mais 3 ou 4 jours ont suffi.
Qu’espérez-vous que le public retire de ce film et de la trilogie ?
Cela dépendra de ce qu’ils vivent au moment où ils verront le film. J’espère simplement que je leur communiquerai quelque chose de sincère.
Combien de temps avez-vous mis pour écrire Before Midnight ?
Le scénario s’est développé au fil des années. On s’est retrouvés pour la première fois en 2010, mais la majeure partie du scénario a été écrite en Grèce en repérant les lieux de tournage.
Vous sentez-vous proche de Céline ou est-ce un personnage de fiction ?
Il y a un peu de moi en Céline. J’ai revu Before Sunrise avant d’écrire Before Midnight et j’ai été étonnée de retrouver beaucoup de choses que j’avais écrites dans mon journal intime à 18 ans. Des choses très personnelles. Pas forcément sur qui je suis, mais sur des sentiments.
Comment vous entendez vous avec Ethan Hawke en tant que coscénaristes ?
Comme nous sommes vraiment amis et qu’on se connaît bien, on n’a pas besoin d’être polis. Si quelque chose ne me plaît pas, je le lui dis carrément. L’ego n’a pas sa place quand on se connaît aussi bien. On a dépassé ce stade.
Quand avez-vous commencé à écrire ?
A 16 ans, bien avant de quitter la France. C’est un mal pour un bien. Entre 30 et 33 ans, je ne recevais aucun projet intéressant et personne ne s’intéressait à moi. Mon agent m’a laissée tomber, parce que j’écrivais Before Sunset, et il pensait que je perdais mon temps avec ce « petit film stupide ». Finalement, cette période m’a été bénéfique, j’ai tout mis à plat. J’ai compris que plutôt d’attendre des rôles intéressants, il valait mieux que je les écrive moimême.
Ecrire les deux premiers films, qu’est-ce que ça signifiait pour vous ?
Ça changeait tout. On a écrit la quasi-totalité du scénario du premier film avec Ethan, mais nos noms n’ont pas figuré au générique. Pour le second film, j’ai déposé la première version du scénario au Writer’s Guild. Je me suis protégée. J’avais 32 ans et un peu plus d’expérience.
Prévoyez-vous une suite à Before Midnight ?
On ne pourrait pas faire un quatrième film tout de suite, le travail est trop intense, il nous faut à chaque fois 9 ans pour récupérer.
Interview de Julie Delpy
Ciné + La Semaine Cinéma (extrait) – présenté par Hélène Verbois
émission du mercredi 26 juin 2013
Face à l’invité : Julie Delpy
Ciné + – Face à l’invité – animé par Pierre Zeni
émission du samedi 22 juin 2013
Entretien avec Julie DELPY
France Culture – La grande Table (2ème partie) – entretien conduit par Caroline Broué
émission du jeudi 20 juin 2013
Julie Delpy
Canal + – Cinexpress – par l’équipe cinéma de Canal +
le mercredi 26 juin 2013