Hitchcock, un film classique de Sacha Gervasi en DVD Blu-Ray et VOD

Le film aurait pu s’appeler dans la peau d’Alfred Hitchcock, mais je crois que le titre est déjà pris. Alors justement… je crois également que la place du film est déjà prise… Effectivement depuis que j’ai vu ce film je me pose la question suivante : pourquoi faire un film sur « le maitre du suspens » ?

Je n’ai pas interviewé Sacha Gervasi, le réalisateur anglais, et dans les interviews la réponse à cette question n’est pas franchement débattue. Pour autant, Hitchcock n’est pas un film « développement durable »… si l’on constate tous les articles qui ont été publiés depuis la sortie de ce film, il y a profusion. Cela déborde également de livres, de documentaires ou de remake à propos du personnage et de ses films. Alors, je me repose la question : pourquoi faire encore un film sur « le maitre du suspens… » ? Suspens donc….

Le film traite des quelques mois qui précédent la trouvaille du livre de Psychose jusqu’à sa projection en salle. Difficile de créer un suspens autour du film qui a été l’un des plus marquants de sa carrière avec la fameuse scène de la douche, et sa musique de cordes machiavélique, un film américain d’horreur et un thriller tourné en noir et blanc, en 1960. Ce film qui se définit d’ailleurs comme une comédie (qu’aurait pensé Hitchcock lui même de ce genre ?) dépeint un personnage somme toute assez rond, voire lisse, parfois avec un air de componction. Hitchcock engagera ses propres économies et sa maison pour produire un film d’un nouveau genre auquel personne ne croit alors.

Il y a une entre la ressemblance affichée des acteurs et ceux qu’ils sont censés représentés : Anthony Hopkins joue le rôle d’ Alfred Hitchcock – Scarlett Johansson joue Janet Leigh, Helen Mirren joue Alma Reville sa femme, James d’Arcy joue Anthony Perkins. Toutes ces ressemblances nous poussent à croire que le film colle à la réalité… Eh bien pas tant que cela, par conséquent spectateur méfiez-vous des ressemblances et prenez ce film plus comme une adaptation fictionnelle de ce qui aurait été le tournage de Psychose….

Mais alors me direz-vous : pourquoi faire un film sur Psychose si la fiction ne colle pas à l’original ? Voilà tout de même un début de réponse : quelques thèmes développés dans ce film :

– Comment essayer de retrouver la motivation et l’envie lorsque l’on est déjà consacré Roi du monde des réalisateurs, et que l’on vous pousse gentiment vers la sortie.

– Comment un réalisateur est-il obsédé par son personnage principal un “serial killer” du nom de Ed Gein, ayant réellement existé. Et comment il vit au quotidien avec ce fantôme pour construire son film.

– Comment embobiner la censure, transgresser les codes du cinéma, tout cela est inhérent au film mais traité avec parcimonie. – Et enfin, le film apporte un éclairage particulier sur la participation indispensable de sa femme de l’écriture du scénario jusqu’au final cut. A priori, cette réhabilitation semble relativement proche de la vérité. D’ailleurs Hitchcock dira lui-même en recevant un prix pour l’ensemble de sa carrière : «ces quatre personnes» sont particulièrement précieuses pour lui:

– «La première est monteuse, la deuxième scénariste, la troisième est la mère de ma fille, Pat, et la quatrième est une merveilleuse cuisinière qui fait toujours des miracles. Elles se nomment Alma Reville.

– Sacha Gervasi confie à Paula Jacques sur France Inter, qu’il est un grand fan d’Hitchcock, mais il a découvert sa femme Alma Reville et a voulu raconter et mettre en lumière son histoire.

– Le dernier thème présente M Hitchcock comme un précurseur de la publicité et du marketing cinématographique. Voici comment ce stratége du suspens émoustille ses spectateurs.

Ecoutez il s’agit de la vraie voie d’Alfred Hitchcock et de l’annonce qu’il a faite pour augmenter le bouche à) oreille autour de son film : Le casting et le maquillage nous replongent bien dans cette époque des années 60 ; Anthony Hopkins a interprété durant sa carrière de nombreux personnages historiques et littéraires tels que Hannibal Lecter, Pablo Picasso, John Quincy Adams , John Harvey Kellogg, Richard Nixon et la liste est encore longue : il a même interprété Hitler dans ses derniers jours dans le film The Bunker, en 1981. Inutile de dire qu’il s’agit d’un acteur-montre sacré (mettez les tirets ou vous le souhaitez). La silhouette y est, la prononciation, le style so british et l’élégance aussi. Étonnant toutefois ce choix de ne montrer au final qu’un personnage relativement rond et lisse. On a envie parfois de planter un couteau pour dégonfler la baudruche et connaître les affres de la création qui ne sont ici que légèrement abordées.

Voyez-vous, finalement, on se pose beaucoup de questions sur les raisons de ce film, c’est peut-être la vision du suspens selon Sacha Gervasi !

Quoi qu’il en soit, à la sortie on a envie de se replonger dans Psychose pour voir si certains acteurs sont aussi niais que le dit le personnage d’ Hitchcock Hitchcock, ou si la jolie Janet Leigh cligne encore des yeux une fois morte !

Allez, j’arrête mon cinéma, comme disait papa. Bonne séance !