La Vie domestique, démonstration des nouvelles cages dorées de la condition féminine et de son désespoir en DVD

Isabelle Czajka, la réalisatrice de la vie domestique a osé faire un film tout en nuance et en subtilité, au bord du gouffre.
Le dégout au bord des lèvres, Juliette jouée par Emmanuelle Devos découvre un insupportable macho chef d’entreprise raciste et condescendant lors d’un diner de courtoisie dans sa nouvelle résidence chic en banlieue parisienne. De ce premier faux pas dans un monde méprisant et indiffèrent, vont se suivre 24 heures presque ordinaires, dans la banalité et la futilité d’une vie domestique ou la condition féminine a perdu tous ses combats sans s’en apercevoir.

Ainsi dans ce décor de Desperate Housewifes francisé, Isabelle Czajka confronte des portraits de femmes coincées jusque dans leur choix avec nuances, une sorte de documentaire urbain moderne en 24 heures chrono.
Julie Ferrier Rôle : Betty, pour elle l’ascenseur social a si bien fonctionné, qu’elle s’agrippe à cette réussite avec plus de vigueur qu’à ses proches. Elle pleure, non pas du décès de sa vieille grand-mère, mais de l’affront qu’un gamin mal élevé à fait en dessinant au feutre sur son joli canapé en cuir blanc.
Natacha Régnier Rôle : Marianne . Enceinte de son troisième enfant, dépassée par les évènements, elle subi sans assurer son rôle de mère au foyer
Héléna Noguerra Rôle : Inès. L’irrésistible bellissime copine sans complexe, déesse de la société de consommation, mais qui craint de se retrouver seule avec ses enfants insupportables.
Emmanuelle Devos Rôle : Juliette. Au tournant de sa vie, à la recherche d’un emploi qui la sortirait de cette condition de femme au foyer désespérée et avilissante aux yeux de la gent masculine qui conquiert le beau rôle.

Tout cela est parfaitement orchestré et interprété.

En tache de fond se joue le drame de l’enlèvement d’une enfant dans la banlieue mal famée d’à côté qui croisera la route de ces femmes dans l’indifférence générale.

La caméra est juste et sobre, les acteurs sont délicieusement ancrés dans cette vérité moderne et gluante de la boboïtude.

Dans cette journée, un éclatant moment de bonheur avec l’arrivée de Marie-Christine Barrault, la maman d’ Emmanuelle Devos. Un échange autour de la réalité d’être mère dans les années 70 et une liberté de ton qui détonne dans ce vide sidéral.

Isabelle Czajka sait rendre ce constat et le filmer, une proximité, une parenthèse vaine sans réel jugement, ainsi va la vie, alea jacta est !
Attention, le Prozac n’est pas distribué en sortie de salle.

Allez, j’arrête mon cinéma, comme disait papa et je vous souhaite une Bonne séance !