Les Amants Passagers de Pedro Almodóvar – En DVD, Blu-Ray et VOD

J’ai vu le film Les amants passagers, une comédie loufoque et déjantée.
Ahhh, un film de Pedro Almodovar. Rien que de prononcer cette phrase vous met de bonne humeur pour toute la journée.
Ce cinéaste qui sait déborder du cadre, entrer en collision avec les géants américains et nous fait frôler l’indicible âme de nos êtres subversifs et tourmentés. Au-delà d’un film, Almodovar construit une œuvre sur les relations humaines dans nos sociétés, sur la transgression, sur la perfection du montage qui vous prend et vous emmène secrètement à un point de non-retour.
Les Amants passagers n’échappent pas à cette règle du loufoque déjanté, mais permet à Pedro Almodovar de s’amuser comme un fou avec ses personnages en huis clos, même si cette comédie est plus légère et moins incisive que d’autres films de son cru.
Quelques stewards follement gais et flamboyants vont devoir distraire les passagers de la classe affaires (la classe éco étant déjà à son insu bourrée de somnifères) afin d’éviter une crise de panique qui pourrait advenir à l’annonce d’un réel problème technique. Confronté à leurs démons et à la peur de mourir, ce joyeux équipage va déballer toute son artillerie, entre sexes, drogue et rock n’roll à la mode hispanico- Elmodovarienne.
Viva la movida des années 2000, du kitsch, des couleurs saturées, des homos libérés prenant le pouvoir pour le meilleur et pour le rire. Chaque personnage est pétillant et poussé à l’extrême même si l’on évite les clichés, le réalisateur étant d’une trop grande finesse pour cela. Le parallèle avec l’Espagne en proie à une crise majeure et aux frontières de la catastrophe est bien senti. Mais comme Elle, les passagers vont maintenir la tête droite et tenter de se donner jusqu’au dernier moment du plaisir, toujours du plaisir.
Pour autant, même si le montage, la mise en scène et les acteurs sont on ne peut mieux réussis, le scénario sur une 1 h 30 traine un peu. Et, comme la crise actuelle, on dirait que M Almodovar n’a pas non plus les solutions pour arrêter les déboires. Mais dans cette heure-là, vous rirez, vous vous souviendrez de ces stewards prêts à tout, même oser cette chorégraphie pastiche des meilleurs travestis.
Voilà donc un vol ou équipages et passagers n’hésitent pas à s’envoyer en l’air, mais il est curieux de constater qu’en ayant filmé ici tous les genres de couples (ou presque) des hétéros, bis et homos, les scènes de baise, car dans l’urgence il ne s’agit plus de scène d’amour, ne sont pas toutes représentées… Etonnamment, on voit des baisers à pleine bouche entre hommes, on parle homosexualité et l’on montre des personnages totalement décomplexés et exubérants, mais Pedro n’a filmé aucun acte sexuel entre homos. L’intelligence du montage est elliptique, on voit des portes battre sous l’effet des assauts des amants et plus tard un doigt qui goute un reste de sperme sur la joue d’un steward, mais entre temps, pas d’image.
Alors quoi ? Ne sommes-nous pas encore prêts en tant que spectateurs ou y aurait-il un brin d’autocensure ?
C’était sympathique, mais mineur dans le talent de ce Monsieur.

Allez, j’arrête mon cinéma comme disait Papa et je vous souhaite une excellente séance.