L’inconnu du Lac d’Alain Guiraudie, un thriller gay et insouciant – En DVD et VOD

Autour d’un lac, entre bosquets et plage de gros galets blancs des hommes nus s’aiment et se tuent. Un film récompensé à Cannes dans la sélection « un CERTAIN REGARD » et ayant obtenu le prix de la mise en scène.
Ce qu’il y a de formidable dans ce film, c’est qu’il est d’une simplicité redoutable : quelques tee-shirts différents pour montrer le temps qui passe, trois ou quatre cadres différents, un presque huis clos sous le soleil du sud, des allégories en quelques phrases pour donner du sens, un peu d’humour entre deux scènes d’actions érotiques.

Et voilà, Alain Guiraudie documente l’amour homosexuel masculin, avec un naturel désarmant servi par une distribution touchante.

Franck vient régulièrement sur un lieu de drague réputé pour trouver ses amants. Il va faire connaissance d’un hétéro venu là par dépit en quête de solitude, et celle de son amant, un beau gosse moustachu à la voix câline. Le beau gosse, bon nageur, va un soir noyer son amant dans les eaux du lac. Franck assistera à la scène depuis les buissons à l’orée du bois. Malgré cela l’attirance sera plus forte que tout et Franck nouera une relation passionnée avec le meurtrier.

Tout est dit, ou presque, le reste ce sont des non dits et l’imagination du spectateur devra faire le reste entre les quelques dialogues et les attitudes de ce trio. Tout est filmé avec naturel et simplicité. Sauf que huis clos oblige, la redondance des cadrages identiques est lassante, même si elle joue de la construction de ce film et est certainement un choix volontaire. Les plans identiques sur le parking enrichissent le suspens autour des protagonistes et du jeu de pion pour savoir quels sont ceux à garder ou à éliminer, mais les cadrages identiques en contre plongée sur les hommes allongés face au lac, tantôt 1 personne, bientôt 2 parfois 3 est un gimmick « pauvret » et lassant.

L’humour de Guiraudie est aussi dans ces détails, ce ridicule des situations, comme ces hommes nus marchant avec des baskets pour ne pas avoir mal au pied. L’amour et le sexe homo sont à nu dans ce décor et les corps, les envies, les besoins ont pris le pas, dans ce paradis gay. D’aucuns chercheraient à comprendre les motivations d’un serial killer, les relations entre l’usage ou non des capotes dans des relations passagères et ces relations avec la mort qui rôde, de l’amitié à la passion, de la cruauté et de l’aliénation à l’instinct sexuel. Mais il n’y a dans ce film ni jugement, ni exhibitionnisme, ni violence. Et cette absence de violence qui apparaît comme une déshumanisée de l’homme est absolument cynique. Personne ne fait attention à l’autre excepté pour jauger de l’éventualité d’une relation.
Certain salue le chef d’œuvre, d’autre comme moi y verront une avancée de la cause homo puisque l’on peut faire des films avec si peu. Un peu long pour une idée de court métrage.

Alors qu’on aime ou pas ce film, ce film a enfin le mérite de présenter en salles une histoire ou l’on parle de sexe et ou l’on le voit sans provocation ni pornographie. Une peinture sociale documentée, visuelle et sexuelle, bien ancrée dans notre époque.

Allez, j’arrête mon cinéma, comme disait papa et je vous souhaite une Bonne séance !